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Des Antiquaires aux Archéologues
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en Archéologie

Des antiquaires aux archéologues

Le Cailar

Les Antiquaires

On appelle Antiquaires les savants des XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles qui se sont intéressés à l'Antiquité et plus généralement au passé dans son ensemble. On trouve parmi eux les pionniers de l'archéologie de terrain et des études de mobilier. En effet, si au départ la plupart de ces Antiquaires se contentaient de citer les auteurs de l'Antiquité, peu à peu ils appuyèrent leurs recherches sur l'étude des monuments et des monnaies, et ils commencèrent à collectionner les vestiges de toutes les époques anciennes qu'ils présentaient aux amateurs dans ce qu'on appelle des "cabinets de curiosités", regroupant objets archéologiques de diverses périodes (silex taillés, poteries, monnaies) et curiosités naturelles (plantes, animaux empaillés, fossiles). Citons pour notre région le Provençal Nicolas Claude Peiresc (1580-1637) qui est l'une des figures marquantes de ces Antiquaires – son énorme correspondance constitue un document exceptionnel sur l'état de l'érudition de son temps – et le nîmois François Séguier, qui a restitué l'inscription du fronton de la Maison Carré.

Les débuts de l'archéologie nationale

L'archéologie se développa d'abord sur le pourtour de la Méditerranée avec les célèbres fouilles Pompéi et d'Herculanum – les plus anciennes – puis celles de Mycènes en Grèce et de Cnossos en Crète. En France, si l'on explore tombeaux et monuments divers depuis longtemps, la première grande fouille est celle d'Alésia, qui débute en 1861 à l'initiative de Napoléon III. Les recherches sur les premiers habitants de la Gaule vont alors prendre leur essor, parallèlement à celles qui s'intéressent aux origines des sociétés humaines : c'est la naissance de la préhistoire et de la protohistoire (les âges des métaux). A partir du XIXe siècle, on voit se développer également l'intérêt pour la protection des monuments historiques, comme les arènes de Nîmes ou d'Arles, sont désormais protégés et restaurés ; et les sociétés savantes se multiplient partout en France pour inventorier et sauvegarder le patrimoine de chaque région, dépouiller les archives et étudier les vestiges archéologiques.

L'essor de l'archéologie scientifique

Après une période un peu creuse tant au niveau institutionnel que scientifique pendant l'entre-deux-guerre, l'archéologie acquiert à partir des années cinquante une certaine autonomie en se dotant de méthodes spécifiques et de protocoles d'études rigoureux. Les fouilles adoptent une approche plus scientifique en développant un enregistrement normalisé des données de terrain, des études environnementales et des traitements statistiques. L'archéologie française, après avoir été dotée d'un cadre législatif en 1941, se structure institutionnellement avec une place privilégiée au CNRS et à l'Université (voir la rubrique sur les acteurs de la recherche et la création de plusieurs équipes de recherche qui travaillent sur de grandes thématiques nationales. Enfin à partir des années quatre-vingt apparaît l'archéologie dite d'abord "de sauvetage" puis "préventive" (voir INRAP dans la rubrique sur Les acteurs de la recherche) qui est liée aux grands travaux de l'aménagement du territoire et qui va contribuer à renouveler profondément la documentation archéologique nationale.

Des Antiquaires aux Archéologues en Petite Camargue

Dans le Gard, l'archéologie prend son essor dès la fin du XIXe siècle, avec plusieurs figures marquantes. Eugène Germer-Durand rédige en 1868 un Dictionnaire topographique du Gard qui dresse l'inventaire des archives et des vestiges connus de toutes les communes du département. Félix Mazauric publie de 1906 et 1918 les Recherches et acquisitions du Musée de Nîmes dans lesquelles il recense toutes les découvertes archéologiques de la région. N'oublions la figure d'Emile Espérandieu, l'un des fouilleurs d'Alesia et conservateur du musée de Nîmes qui laissera une œuvre monumentale sur les sculptures et les bas-reliefs de la Gaule romaine. En Petite Camargue le site archéologique d'Espeyran à Saint-Gilles fait l'objet de quelques sondages au début du XXe siècle, puis dans les années soixante-dix, tandis que de nombreuses communes livrent à la sagacité des archéologues d'innombrables vestiges préhistoriques, protohistoriques, romains ou encore médiévaux.